Tango 74

Création/Exécution

Molnar Vera

  • Vera
  • Molnar
  • Date de naissance1924
  • Lieu de naissanceBudapest (Hongrie)
  • Date de décès2023
  • Lieu de décèsParis
  • Notice biographiqueVera Molnár est l’une des représentantes de l'art minimal dont elle a contribué à établir les fondements. Dans son travail, elle combine des formes et des couleurs en les disposant sur une surface plane. Les formes géométriques simples qu'elle utilise tendent à se modifier en proportion ou en assemblage tout au long d’un cycle de travail (répétition, symétrie, équilibre, déséquilibre…).

    Après des études à l’école des Beaux-Arts de Budapest, elle s'installe à Paris en 1947 et choisit d'abandonner la figuration au profit de l’abstraction. Sa peinture est marquée par un vocabulaire élémentaire fondé sur la ligne, le cercle ou encore le carré. Depuis ses débuts, elle développe une intense réflexion théorique sur les moyens de la création et les mécanismes de la vision. Sa pratique trouve son origine chez Piet Mondrian, Kasimir Malevitch ou encore le mouvement zurichois d’art concret, et rencontre de nombreuses correspondances avec les mathématiques.

    Entre 1960 et 1968, sa démarche s’apparente à une expérience sur la forme. Attirée par la relation entre les technologies modernes et la création, elle prend part aux débats qui ont précédé la constitution du GRAV (Groupe de Recherche d’Art Visuel). Cofondatrice du Centre de Recherche d’Art Visuel (CRAV) en 1960, elle ne participe cependant pas à l’aventure du GRAV qui débute un an plus tard, préférant développer une peinture "systématique".

    Tandis que son mari, François Molnár, avec qui elle collabore, se détourne de la pratique artistique au début des années 1960 pour assurer la direction d’un laboratoire de recherche au CNRS, elle se lance dans la création informatique et réalise ses premiers dessins algorithmiques. Fascinée par l'émergence des nouvelles technologies, aussi bien que par les théories mathématiques et géométriques, elle devient, en 1968, la première artiste en France à produire des dessins numériques en utilisant un ordinateur relié à une table traçante. Grâce à cet outil, elle réalise, dans les années 1970, des compositions géométriques simples dans lesquelles elle intègre un certain pourcentage de désordre.

    Selon ses termes, l’ordinateur lui permet de "se libérer d’un héritage classique sclérosé" tout en conservant la pleine maîtrise de ses compositions. Le traitement numérique lui permet d’écarter la subjectivité des outils picturaux traditionnels et lui fournit un grand nombre de variations sur un thème donné. Il apporte deux paramètres originaux : la perfection d'exécution (aucune tache, aucun tremblé…) et la rapidité d'exécution (chaque œuvre est exécutée très rapidement, sa production peut donc croître de manière gigantesque). L'ordinateur permet également de produire des assemblages de formes et de couleurs qu'elle n'aurait pas pu imaginer. Selon elle, l'ordinateur aide l'artiste mais il ne fait, il ne crée, il ne trouve rien.

    Ses dernières expérimentations artistiques et informatiques sont de plus en plus poussées : à partir des années 1990, elle crée d’abord des formes à la main puis utilise indirectement l’ordinateur. Le programme "Resauto", qu’elle a élaboré, permet de répéter et réinterpréter l’œuvre originale, proposant de nouvelles versions d’un même travail, des déclinaisons.

1996

Abstraction géométrique

Livre édité en 1996 d'après un travail effectué en 1974

Matière et technique

Impression sur papier et papier calque, reliure

Mesures

Hauteur en cm : 14,8

Largeur en cm : 40,4

Epaisseur en cm : 2

Domaine

Arts graphiques

Description

Dans "Tango 74", 97 feuillets de papier calque présentent la danse de deux carrés dont les mouvements et contorsions leur font adopter des postures qui ont pour conséquence de les défigurer.

Inscriptions / marques

Impression

à l'intérieur

sur la dernière page

"TANGO a été réalisé à deux cents exemplaires, tous numérotés et signés par l'artiste, sur les presses de l'imprimerie Setig Jacques Palussière, à Angers"

Fonctionnement et contexte

Note d'opportunité

"Tango 74" est un livrimage édité en 1996 par l’association PACA (Présence de l’Art contemporain, Angers) d’après un travail réalisé en 1974 avec les ordinateurs du Centre de Calcul Universitaire d’Orsay. Le terme "livrimage" est un néologisme inventé par Vera Molnar pour désigner un concept plastique : une suite d’images qu’on peut feuilleter comme un livre, mais qui ne se lit pas ; il se regarde. Il n’y a pas d’histoire, ni de sujet au sens littéraire du terme, seulement des images qui se succèdent. Comme pour ses tableaux, l’artiste utilise l’ordinateur pour réaliser les livrimages. La différence réside dans le fait que le format du livre permet de visualiser un plus grand nombre d’images de manière synchronique. La liberté est donnée au manipulateur de cet objet de tourner les pages dans l’ordre conventionnel de la lecture, ou bien, à partir du moment où il n’y a pas d’histoire à suivre, de l’inverser, de sauter des pages… Ces cheminements, ces allers-retours, ces différentes possibilités d’appréhension font partie intégrante de l’œuvre. Les livrimages, et "Tango 74" en particulier, sont des œuvres qui s’inscrivent de manière indéniable dans le mouvement.

Note de l'artiste

Vera Molnar décrit elle-même le processus de création à la fin du livre : "D’abord, c’est la position de deux carrés qui change l’une par rapport à l’autre. Ils se décalent à l’horizontale, mais de temps à autre, un petit mouvement se fait vers le haut ou le bas. Prégnants sont, tout de même, les glissements à gauche et à droite. On ne quitte le sol que rarement. On saute, mais pour mieux reprendre terre. Les deux carrés eux-mêmes se transforment, leurs sommets – il y en a huit – se déplacent, chacun à sa manière, à gauche, à droite, et, dans une moindre mesure, vers le haut ou le bas. Ils quittent leurs vieilles peaux de carrés et muent en quadrilatères. Ensuite, les sommets ne sont plus reliés par des droites mais par des courbes : segments de paraboles, d’hyperboles ou de folles sinusoïdes. Ces transformations déséquilibrantes s’effectuent surtout dans le sens de la largeur : en x, beaucoup moins en y. Les étirements répétés à l’horizontale produisent comme un tango de deux carrés."

Musée

Musée d'Art et d'Histoire

Numéro d'inventaire

2022.004.1